L’IA en coaching : peut-elle vraiment remplacer l’humain ?

Par Caroline Pinguet Présidente de CoachingWays France Executive

L’intelligence artificielle est en train de se faire une place dans le marché du coaching, qui était, il y a encore une dizaine d’années, réservé à une minorité. Cette démocratisation se fait de manière spectaculaire, tant les besoins et demandes sont croissants, notamment en entreprise où les accompagnements personnalisés s’avèrent plus efficaces que la formation.

Ainsi, la croissance du marché du coaching, en France était de 54% entre 2019 et 2022 (étude OPIIEC1). Le marché pèse près d’1 milliard d’euros et n’a pas encore atteint son niveau de maturité. Le nombre de coachs en France en 2022 était estimé à 1500 et continue d’augmenter. Il répond à une demande de plus en plus importante, à tous les échelons des organisations (associations, entreprises, écoles).

Depuis 2011, CoachingWays France Executive s’inscrit dans cette démarche de démocratisation pour répondre aux besoins et aux enjeux de l’époque actuelle (accélération des changements, souffrances au travail, quête de sens, nouveaux challenges etc.). Pour cela, la formation de Coach professionnel de CoachingWays France, a été déployée au plus près des clients, à Paris et en région, tout en proposant un tarif qui inclut la certification et la possibilité de financement par le CPF 2.

Elle propose un haut niveau de qualité et d’engagement puisqu’elle est accréditée Level 1 et Level 2 par ICF3, qui s’appuient sur des normes éthiques et déontologiques strictes, ainsi que des compétences répertoriées et évaluées à un haut niveau d’exigence. Elle permet de valider des blocs de compétences vers le titre de Coach professionnel, répertorié au RNCP3 sous le numéro 39786. Enfin, elle fait intervenir des formateurs, professionnels du coaching, qui ont minimum 500 heures de pratique du coaching, certifiés par ICF aux niveaux PCC2 et MCC2.

Cependant certaines entreprises de coaching vont plus loin dans cette démocratisation de la pratique du coaching et proposent des accompagnements par une IA !

L’utilisation d’une IA dans le coaching soulève de nouvelles questions, notamment sur les plans éthique, déontologique, écologique et comportemental.

En tant que spécialistes du coaching, nous allons tenter d’y répondre !

L’IA repose sur des algorithmes et des modèles d’apprentissage automatique. Elle offre une base de connaissances donnant des clés de décryptage ainsi que quelques pistes de réflexion. Elle nécessite un usage éclairé et raisonné du consommateur de l’IA générative.

En coaching plus spécifiquement, elle propose un compagnon de discussion et de réflexion.

Certaines entreprises de coaching ont déjà créé, paramétré et entrainé la leur, afin qu’elle propose des réponses empathiques et détecte des situations à risque, invitant la personne à se rapprocher d’un professionnel de l’accompagnement ou d’une personne de confiance.

Cependant, elle ne sera jamais en présence avec une personne et ne pourra donc pas aller dans une profondeur relationnelle.

L’IA reste également perfectible, dans la mesure où elle apporte un catalogue de réponses, non vérifiées et non synthétiques, qui pourraient manquer de personnalisation et avoir tendance à disperser, voire embrouiller la personne. De plus, elle n’a pas le droit de lire les émotions, selon le règlement européen, l’AI Act 4.

Au-delà de cette interdiction nous pouvons nous interroger sur sa compétence à le faire !

Il peut être intéressant de rappeler ici les origines du mot « émotion », qui provient du mot français émouvoir, basé sur le latin emovere (ex et moveo) qui signifie « ce qui met en mouvement ».

Accompagner les émotions en coaching, demande aux coachs professionnels un savoir-faire et un savoir être qui repose sur des heures d’entraînement. Ils acquièrent ainsi d’habiles compétences, d’écoute, de reformulation et de questionnement pour identifier l’émotion avec justesse, amener leur client à l’accepter, l’écouter et lui permettre de passer à l’action. Ces compétences, pour des raisons ontologiques, une IA ne peut les intégrer aussi subtilement, de plus cela reste impossible pour des raisons légales, comme nous l’avons vu plus précédemment.

Dans nos sociétés, l’émotion est encore trop souvent jugée à tort comme une faiblesse, alors qu’elle est un signal d’alarme pour nous, êtres humains, et nous permet de nous mettre en mouvement.

Du fait de ce biais, les coachés sont souvent peu reliés à leur sphère émotionnelle, qui est pourtant un champ subtil d’information pouvant débloquer des situations complexes.

C’est ainsi que le coach professionnel va œuvrer en allant volontairement sur le terrain émotionnel de son coaché, au service de son objectif. Une IA non.

Selon les compétences ICF, par une écoute active, le coach professionnel apprend à communiquer efficacement et permet ainsi à son client de rentrer subtilement en contact avec ses émotions.

Il reconnaît et explore au-delà de ce que le coaché communique et pourra ainsi rebondir sur des mots, relever des incohérences, des généralisations, des croyances, des injonctions …

Il a la capacité de remarquer et reconnaître l’émotion sans qu’elle soit nommée (changement d’énergie, non verbal, paraverbal). Une fois identifiée et reconnue par le coaché, le coach lui permettra de l’explorer en toute confiance et sécurité, afin d’en retirer l’essence.

Il apparaît évident à ce stade que l’IA ne peut aller dans ce niveau de subtilité.

Sur un plan déontologique et éthique nous avons vu que le droit européen mettait certaines limites à l’IA. Elle pose également le problème de l’autonomie, qui est l’un des principaux objectifs recherchés dans le cadre d’un coaching professionnel.

En effet le coach professionnel contracte avec son client pour un certain nombre de séances, défini dans un temps imparti, afin de lui permettre d’atteindre un objectif spécifique, mesurable, qui lui est propre et qui présente un enjeu important dans sa vie actuelle.

Sous-jacent à l’objectif du coaché, le coach, lui, va avoir pour rôle de l’amener à la responsabilité au sens de « response able », c’est-à-dire lui permettre d’être apte à répondre lui-même.

Ainsi, il invite son coaché à trouver des solutions, qui lui sont adaptées et pérennes dans le temps. Le coach est donc garant du process de coaching, tout en étant en partenariat avec l’individu, dans le but qu’il devienne autonome et non dépendant de son accompagnement.

Cette particularité du coaching montre bien à quel point le coaché reste acteur et expert de sa vie, dont il en est le seul maître à bord ! A travers le coaching, il gagne en confiance en lui, en son intuition, en ses réponses. Il comprend mieux ses mécanismes d’échecs et de succès ; il ose davantage et se donne lui-même les moyens de réussir dans un environnement qu’il lui est favorable.

L’IA, au contraire, ne pose pas de limites de temps et se met au service de la personne jour et nuit, ce qui va à l’encontre du process d’autonomisation et de responsabilisation.

Enfin, au-delà de l’éthique et de la déontologie, il y a un risque non négligeable : l’impact écologique de l’IA ! Pour fonctionner, elle demande des infrastructures très consommatrices d’énergie, d’eau et de métaux rares. Elle génère une pollution non négligeable qui sera exponentielle : en lien avec son utilisation et le besoin d’installation de nouveaux data centers.

Comme nous venons de le voir, elle manquera de subtilité et de profondeur relationnelle, qui elles permettront de soulever les vraies causes de blocage et de freins d’une personne, tout en mettant en lumière ses talents, valeurs profondes et besoins.

Elle maintient les individus dans un cercle vicieux de dépendance, qui les amène petit à petit, à moins se poser de questions par eux-mêmes, à être moins en lien avec leur voix intérieure et donc à être moins résilients.

En revanche, elle peut être un compagnon de conversation sur un sujet précis et permettre d’en dégager un champ de connaissances, qui nécessitera d’être confronté et vérifié, car nous savons aussi que l’IA peut donner des réponses erronées.

Ce qui est observé aujourd’hui par les professionnels ayant mis au point des IA de coaching, c’est qu’elles sont souvent consultées pour préparer et anticiper des discussions difficiles, en simulant un jeu de rôle avec un manager par exemple. Or, dans la réalité, une des plus grandes difficultés sera d’oser provoquer cette discussion. En effet, comprendre ce qui empêche un individu d’aborder certains sujets avec son manager sera beaucoup plus pérenne dans le temps et reproductible, qu’un jeu de rôle qui donne une solution à un instant t.

Elle peut éventuellement être utilisée par le coaché entre deux séances de coaching, lui permettant ainsi de mieux cibler son objectif de séance.

Les clients du coaching vont avant tout rechercher une relation avec un pair de confiance, bienveillant, à qui ils peuvent s’identifier. En effet, un coach professionnel a travaillé sur lui et continue de se faire accompagner par la supervision et le mentorat (qui sont incontournables sur le plan déontologique). Il est dans l’humilité et saura apporter le soutien et l’empathie, qui les rassureront et à travers lesquels ils se sentiront compris et écoutés.

Ils vont rechercher le lien, la relation, dans un monde où, au contraire, les individus se sentent de plus en plus seuls. A ce titre, certains coachs observent que les séances de coaching en digital, qui avaient augmenté pendant et post Covid, ont tendance à être boudées par les clients au service de plus de séances en présentiel.

Seule la relation humaine peut répondre à ces besoins. C’est pourquoi, CoachingWays France Executive continue de penser que l’IA générative reste un outil ponctuel mais ne pourra pas remplacer les hommes et les femmes formés aux 8 compétences du coach professionnel d’ICF.

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Si vous-même vous sentez l’âme d’un coach professionnel, alors vous trouverez chez Coaching Ways France Executive des professionnels du coaching, mentors et formateurs qui vous accompagneront tout au long de notre formation « Les Clés du coaching » accréditée RNCP niveau 6 et Level 2 chez ICF et qui vous permettra d’accéder aux certifications ACC et PCC 3 d’ICF.

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Références :

1 “Métiers du coaching et de la supervision professionnels : analyse des compétences en vue de permettre une lisibilité du métier et des conditions de son exercice”, octobre 2022, 1700 répondants, OPIIEC (Observatoire prospectif des métiers du Numérique, de l’Ingénierie, des Etudes et du Conseil et des métiers de l’Événement).

2 CPF : compte personnel de formation – RNCP : Répertoire national des certifications professionnelles

3 ICF : International Coaching Federation – ACC Associated Coach Certified ; PCC Professionnal Coach Certified ; MCC Master Coach Certified par ICF https://www.coachfederation.fr/deontologie-referentiels/referentiel-de-competences-reactualise-applicable-courant-2021/

4 “Règlement européen sur l’intelligence artificielle”, qui prévoit dans l’article 5 paragraphe 1, l’interdiction de l’utilisation de l’IA pour la reconnaissance des émotions.