Le concept d’apprenance a été repris et développé par Philippe Carré dans ses ouvrages, notamment « L’apprenance – un nouveau rapport au savoir » et « Pourquoi et comment les adultes apprennent-ils ? ». Philippe Carré explique ainsi qu’ « on ne forme pas un adulte, mais que c’est l’adulte qui se forme ! ». Autrement dit, l’adulte développe par lui-même son apprentissage, dans toutes les situations vécues et ceci, tout au long de sa vie.

L’approche classique de l’apprentissage repose sur la transmission. Or avec le concept de l’apprenance, il s’agit plus d’accompagner une personne à apprendre par elle-même. C’est s’interroger sur « comment développer sa capacité à apprendre durant toute sa vie ? ». Cela dépasse donc le contexte de l’action de formation avec les 3 unités habituelles : groupe – formateur – salle de formation.

En intégrant le fait que l’accès au savoir a évolué, une autre question se pose : comment les adultes peuvent-ils développer leurs compétences à apprendre ? Cela nécessite de remettre en question les concepts de « apprendre » et « (se) former ». Je peux apprendre quelque chose, tout comme le formateur peut m’apprendre des choses, le sens du mot apprendre en français est double… et donc équivoque ! Dans le même ordre d’idée « former » peut-être considéré comme « donner une forme au savoir », voire « formater le savoir » et donc transmettre sa vision de formateur aux apprenants, ce qui peut bien sûr, ne pas être adapté aux situations et aux problématiques que ceux-ci rencontrent.

Pour cette raison, l’école, l’enseignement classique et la formation professionnelle sont souvent remis en question. Avec l’apprenance, nous faisons aussi ressortir le « sujet social apprenant ». C’est-à-dire que chacun est responsable et responsabilisé sur le fait d’apprendre. L’individu va choisir par lui-même quoi et comment apprendre.

L’évolution des politiques de formation est à ce titre aussi révélatrice de cette évolution sociale majeure : nous sommes passés de la « qualification » à la « compétence », puis à la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences). Ensuite est venu le « DIF », le droit individuel à la formation et enfin le « CPF » compte personnel de formation, où en théorie chacun est libre de choisir sa formation et d’être accompagné pour son financement. Il y a donc un véritable développement de l’autonomie et de la responsabilisation individuelle, et aussi, quelque part – ce qui peut être plus problématique – une injonction à se former par soi-même.

La capacité d’apprentissage tout au long de la vie repose sur 3 piliers de l’apprenance :

• Les « facteurs endogènes » concernent les dispositions naturelles de chacun à apprendre, en intégrant son vécu et ses facteurs de motivation personnels.
• Les « facteurs exogènes » sont liés à l’apprentissage dans les environnements, les contextes et les milieux fréquentés par l’individu.
• Les « facteurs énactifs » sont liés aux capacités à faire, à passer à l’action, à pratiquer et donc apprendre du sujet social.

Dans les formations Coaching Ways France, nous favorisons « l’immersion », c’est-à-dire que nous mettons les personnes en situation d’apprentissage via l’expérience. Nous développons ensuite une approche réflexive en questionnant la personne sur cette expérience vécue et sur ce qu’elle en apprend sur elle-même. Cette personne pourra ensuite approfondir ses connaissances via les programmes e-learning, ou de manière individuelle et autonome, via ses propres recherches. De la même manière, elle sera responsabilisée sur le passage à la pratique, via les entrainements entre pairs et bien sûr les accompagnements de clients individuels et/ou collectifs.

De cette manière, nous accompagnons les personnes à construire leurs propres plans d’apprentissage, car nous considérons – dans une vision très coaching – que chacun possède les clefs des compétences maîtrisées ou à développer en fonction de qui elle est, de son environnement de travail et de ce qu’elle met en œuvre ou pas.

Dans ma vision, le « formateur coach » travaillera donc sur ces leviers, en favorisant les prises de conscience de l’apprenant. Et il accompagnera la personne en mettant en œuvre les dispositifs qui lui permettront d’apprendre par elle-même. Cela représente pour moi, un vrai changement de paradigme et une intégration majeure du coaching dans le métier de pédagogue.